Pour nous rendre à Maré, la dernière des îles Loyautés qu'on avait pas visité (avec Lifou et Ouvéa, reste Tiga plus petite qui se visite difficilement) on a pris le betico 2, un gros catamaran qui peut accueillir jusqu'à 300 personnes. C'était long. Une fois longé la grande terre ne restais que la mer à regarder pour rejoindre Lifou la première escale. En tout nous en avons eu pour 11h de bateau... On a beaucoup dormi,un peu joué au tarot et moi j'ai surtout essayé de pas être malade en regardant bien la ligne de l'horizon! (Vous inquiétez pas, là on était sur le pont pour profiter du paysage mais dedans y a des vrais sièges pour dormir).
Arrivés à Maré, nous faisons la connaissance de Jules qui va être le chauffeur de notre bus pour le week-end et nous voilà partis la vingtaine de touristes vers la tribu de Tuo qui nous accueille le temps de notre séjour. On se regroupe près de la maison du petit chef. Chaque tribu possède un petit chef et au dessus les tribus s'assemblent en districts dirigés par le chef de district qui habite la chefferie. Ces lieux encadrés par des murs de pierres ou des grands bois debouts sont interdits d'accès sans invitations. Nous y sommes pour faire la coutume, c'est un dire un discours que fait Cédric, l'organisateur de la DIL, l'organisme qui a organisé notre venue, suivie d'un cadeau et d'un discours de remerciement du petit chef qui nous souhaite la bienvenue.
Nous sommes ensuite appelés les uns après les autres pour être répartis chez les habitants. Nous faisons ainsi la connaissance de Rose qui nous emmène chez elle. Toute se petite famille nous accueille et nous visitons une petite maison simple, dans laquelle nous allons être seuls, un salon, une cuisine, trois chambres et une salle de bain et un wc bien sur. Nous posons vite les bagages et retournons au bus qui nous emmène ensuite sur le site de la foire pour le buffet. Nous voyons au moins cinq bougnas défiler devant nous et c'est l'heure de se mettre à table!
Nous sommes ensuite appelés les uns après les autres pour être répartis chez les habitants. Nous faisons ainsi la connaissance de Rose qui nous emmène chez elle. Toute se petite famille nous accueille et nous visitons une petite maison simple, dans laquelle nous allons être seuls, un salon, une cuisine, trois chambres et une salle de bain et un wc bien sur. Nous posons vite les bagages et retournons au bus qui nous emmène ensuite sur le site de la foire pour le buffet. Nous voyons au moins cinq bougnas défiler devant nous et c'est l'heure de se mettre à table!
Après avoir fini de manger, j'en profite pour dessiner, comme d'hab! Les gens me voit regarder vers eux et leur repas fini viennent voir, ils s'interpellent, sourient. Ils s'en moquent total de pas être ressemblants du tout, il sont juste contents d'être dessus!
Puis fatigués nous allons écouter un bout de concert. Le musicien a pris le bateau comme nous et une brume s'est posé sur le stade qui sert de site... Il fait froid et le chanteur est en paréo et bien fatigué, nous allons tous rapidement nous coucher.
Le lendemain matin, douche froide et nous sortons pour rejoindre Rose pour le petit-dej. Elle nous accueille et nous présente son beau père. Nous avons amené un cadeau pour faire la coutume, parce que oui c'est la première fois que nous la faisons en bonne et due forme, ou presque...
La coutume. C'est un geste, le geste coutumier, qui se fait lorsque l'on est accueillis chez quelqu'un. Nous avions déjà fait la coutume avec la tribu mais il est important aussi de la faire dans la famille elle même. Celui qui est accueilli dépose un cadeau, par terre ou sur la table suivi d'un discours de remerciement. Ensuite l'hôte prend la parole à son tour et accepte, ou pas d'ailleurs (c'est un affront), le cadeau offert. C'est ce geste qui scelle l'arrivée puis le départ.
Accueillis par Rose, nous avons naturellement fait le geste envers elle, mais c'était sans prendre en compte la place de la femme et des vieux dans la civilisation kanak, ce que nous avons compris quand c'est le beau père qui a pris la parole pour répondre à notre coutume. Oups...
Nous nous sommes ensuite attablés, ils avaient tous mangés plus tôt mais Rose s'est fait un devoir de restée attablée avec nous et de discuter pendant que la belle-mère et le beau-père discutaient en Maré à l'autre bout de la pièce. Une fois bien repus de tartine de pain, beurre confiture, c'est parti pour la foire!
Nous décidons de nous y rendre à pieds sans attendre la navette qui doit peut-être passer nous chercher, il y en pour 5-10 minutes maximum à pieds! Sur ce laps de temps, trois quatre voitures s'arrêtent, les gens nous proposant de monter, sans même que nous faisions du pouce!
Nous décidons de nous y rendre à pieds sans attendre la navette qui doit peut-être passer nous chercher, il y en pour 5-10 minutes maximum à pieds! Sur ce laps de temps, trois quatre voitures s'arrêtent, les gens nous proposant de monter, sans même que nous faisions du pouce!
Dès notre arrivée, voyant un grenier traditionnel, je décide de me poser et de dessiner. Boris fait un premier tour de la foire pendant ce temps là. Des adultes commentent en passant, des gamins se rassemblent autour de moi, me demandant si je suis, artiste, dessinatrice, professeur d'art plastique???
Un monsieur veut que je lui donne le dessin ou me demande combien je les vends... ça façon de faire est assez brutale, peut-être maladroite je ne sais pas, entourée de tous les enfants je ne peux pas donner ce dessin sans faire des envieux, une fois fini je le garde donc. Les enfants ne se dispersent pas, toujours excités, je sors alors les deux dessins réalisés depuis mon départ, les enfants regardent, avec plus de respect que l'adulte qui vient de partir. Ils s'éparpillent, avec des regards en arrières. Boris revient, je me relève, range mes affaires de dessins. Une dame avait entrainé Boris après avoir regardé mon dessin, celui-ci m'entraîne vers son stand. Jacqueline nous vente sa confiture de coco, (on l'a acheté et oh my god, c'est une tuerie, elle nous as donné la recette mais bon à moins de ramener des kilos de cocos en métropole, snif). Nous discutons des crabes des cocotiers et de l'igname...
Un appât à poulpe ou rat, ci-dessus, nous explique un monsieur qui voit nos aires étonnés. En dessous oui, oui, debout ce sont des ignames, plus grand que moi! Nous apprendrons plus tard par Jacqueline qu'il existe pleins d'espèces d'ignames, à la chaire mauve, beige, rose, jaune, blanche...
Ces trois femmes tissent leurs petites boites avec des joncs, sans complexe, avec toute l'humilité et la gentillesse kanak, elles expliquent comment on fait pour bloquer la fin d'un brin, reprendre avec un autre, agrandir, raccourcir, plier. Je demande la permission de les prendre en photos et la ballade continue. (oui les filles j'ai craqué et je suis revenue leur acheter une boîte un peu plus tard).
Des gens se préparent pour défiler, nous convergeons donc vers les gradins pour poser nos fesses et écouter les discours divers et variés des grandes pontes présentes qui vont ouvrir la foire.
Nos oreilles se dressent pour certains sous-entendus. Il faut savoir que le chef du district où nous nous trouvons (rassemblement de tribus vous vous rappelez?) est le propriétaire de air calédonie, la seule compagnie aérienne qui desserre les îles loyautés dont c'est la foire, là, ouf, j'espère que vous avez suivi! Là, où ça se corse, c'est sur le prix du billet et les annulations répétés de vol, des gens restent bloqués sur les îles ou ne peuvent s'y rendre, sur Maré, une manifestation de protestations de gens d'un autre district s'est fini par quatre morts il y a de cela quelques années seulement.
Les bonnes gens du pouvoirs parlent donc réconciliation, amitié avec les touristes aussi qui ont répondu à l'"appel".
Et après c'est l'heure de manger! Les cuisines ci-dessous. Un monsieur m'interpelle alors que je fais cette photo, hé c'est payant de prendre une photo!, je demande ingénument combien c'est, tous le monde rigole. Pierre est un caldoche, c'est à dire un ancien métropolitain qui vit depuis un baille ici. Et lui il vit ici, carrément, sur Maré avec sa femme kanak. Nous rencontrerons pas mal de blancs sur l'île, Pierre retraité ne travaille pas, d'autres sont là pour enseigner principalement dans un des deux collèges de l'île. Le lycée c'est à Lifou ou à Nouméa.
On mange donc dans le stand tenu par la tribu de la femme de Pierre, on nous apporte de multiples entrées puis plats, on mange ce qu'on peut et le reste repart en cuisine dans les marmites, rien ne se perd et on se fait éclater le bide. Et c'est bon!
Après nous nous posons devant un concert, en plein cagnard puis repartons faire un tour des stands, associations agricoles, contre le diabète, de bouffe, d'artisanat...
Je dessine des pins complètement tordus en attendant notre guide qui doit nous emmener faire un tour en mer.
Nous embarquons dans un pick-up qui tire un bateau qui a fait le défilé le matin (que nous n'avons pas vu, oui on fait l'impasse sur les tracteurs, camions, bateaux etc), nous allons dans la tribu de Roh, nous embarquons dans le bateau sur une plage devant chez Denis notre guide. Celui-ci nous emmène sur une plage qui n'est accessible que par rando par la terre, Eoce. Il reste peu de temps de soleil et nous allons assez vite, le bateau pas assez chargé, vole littéralement, je suis devant et plusieurs fois je décolle de mon siège.... avec un atterrissage plus ou moins brutal! Mais une fois arrivés... ça vaut le coup.
Nous allons nous baigner avec nos masques et nos tubas, on croise quelques poissons clowns, d'autre poissons, des drôles de concombres de mer, pas noir mais jaune, du type de celui que j'avais pris en photo à Nouville, dans un précédent article. Et en rentrant oh joie! (Et non, pas de gopro) Je voit une petite raie posé sur le sable, que je montre à Boris! Elle s'éloigne doucement et je la suis en faisant gaffe de pas être trop près pour ne pas être à portée de son dard. Quelle classe ces bestiaux!
Nous rentrons de nuit, je monte à l'arrière du pick-up, car il n'y a qu'une place à l'avant à côté du conducteur. Je me suis pelée mais voir défiler dans le noir montant, cocotiers et étoiles, c'était assez magique. Sur les îles, y a pas de lampadaires, les seules lumières c'est celles des rares habitations... On peut voir la voie lactée et c'est beau!
Arrivés sur le site, nous assistons à l'élection de miss foire, des filles des trois îles loyautés sont là, défilent une première fois juste pour se montrer, puis revienne pour un deuxième passage se faire cuisiner par l'animateur. Au moins une sur deux n'a pas de "travail" et n'étudit pas. Elles aident dans leurs tribus, aux champs et là où il y a besoin d'aide. Elles sont très timides pour la plupart et n'osent même pas regarder le public!
Nous allons nous coucher tôt, demain ça va être la course, pour nous rendre à l'autre bout de l'île très tôt pour une longue rando!
Nous nous réveillons à l'aurore, le ciel se colore encore de rose quand nous sortons de la maison, il est 5h30. Il faut que nous allions chercher un scooter à la tribu de Nece (prononcer Nétché). Nous faisons du pouce et sommes rapidement pris par un couple qui c'est une chance se rend à Nece aussi. Heureusement parce que les deux kilomètres annoncé par un panneau que nous nous apprêtions au pire à faire à pieds s'avère être plus du 5 kilomètres... Les tribus étant très étalée ceci explique peut-être cela.
Ceux qui nous ont pris en stop nous dépose juste devant le loueur, on règle les détails et hop on saute sur le scooter, direction l'autre bout de l'île : kurine. On longe d'abord la côte jusqu'à Tadine, en passant par une baie avec une plage, on reviendra on espère! Maré a une particularité, ses habitants la décrive comme un chapeau, le plateau et les bords. Sur les bords de cette plage le plateau est séparé par une falaise abrupte c'est assez chouette, plein de trou, et de colonnes...
Après Tadine, nous obliquons à travers les terres. On prends une très longue route au milieu de nul part, et c'est long... Avec un rond poitn au milieu où deux routes se croisent! Puis on arrive à l'autre bout de l'île, on fait semblant de se perdre mais c'est la bonne route et ouf on est à la tribu de Kurine. Le guide n'est pas encore là, je me pose donc et dessine leur maison.
Boris prends des photos de la plage face à la tribu, pendant ce temps là c'est déjà assez joli! Puis c'est l'heure de partir, il y a 6 guides et trois groupes de touristes, trois filles, deux couples qui sont ensemble et nous deux.
On part et les deux heures annoncé sur le guide semble, hum, plus longue, mais bon j'ai décidé de pas regarder ma montre de la rando, on arrivera quand on arrivera! Donc ci-dessous la cocoteraie, c'est joli mais pendant une heure, une heure et demie... c'est long. On marche sur des noix de cocos et des palmes mais jusqu'ici tout va bien.
On arrive ensuite dans une petite prairie et on voit enfin la mer... Il faut savoir qu'on nous a juste dit d'aller là-bas que c'est le plus bel endroit de Calédonie, mais on a aucune idée de ce qu'on va voir!
Là où ça se corse pour moi c'est juste là, les guides se sont arrêtés en bas d'une paroi un peu près verticale, il faut l'escalader. Je décide qu'aujourd'hui je n'ai pas le vertige et je monte d'un trait. Ci-dessous Boris qui me rejoint. (Le retour sera un peu plus dur avec quelques minutes d'hésitations mais j'y suis arrivée sans me gameler ni rester paralysée!)
Je ne regrette pas d'avoir marché si loin et d'être monté là, parce que bon la vue est pas mal... Donc, sur l'image d'en dessous, vous voyez la pointe à gauche là tout au bout, oui on vient de plus loin que ça derrière! Mais pour l'instant on tient le coup, sauf qu'on est pas au bout de nos peines et on a pas tout vu non plus :)!
On carapate ensuite pendant une heure sur des rochers, le sentier c'est simple, on suit les cailloux blancs érodés par les passages quotidiens de certains pêcheurs de la tribus.
On repasse par un bout de prairie, puis sous une nouvelle forêt de cocotiers... et nous voilà arrivés à Shabadran. Après 3h30 de marche sur palmes, noix de cocos, rochers et rochers (j'ai un bleu sur le dessous du pieds, comme quoi c'est possible)!
On se baigne dans de l'eau transparente, je cherche des coquillages et trouve aussi des bernard lermitte, on se repose, on mange une petite salade tahitienne bien bonne, on profite! Nos guides pêchent pendant ce temps là.
Après s'être baignés et reposés, on rentre! 3h30 de marche dans l'autre sens, noix de cocos bu à peine tombées de l'arbre par nos guides, une par personne! On croise un plant de canabis, normal, des vaches, qui on espère ne mange pas ce type d'herbe, on marche, on marche, la nuit tombe et on arrive enfin à la tribu...
On est tellement morts après être rentré en scooter, qu'on s'effondre dans le lit après avoir mangé deux oréos.
Le lendemain nous discutons de Shabadran avec Rose, notre logeuse, au petit déj. Elle n'y ai jamais allée, c'est dans un autre district avec qui sa tribu n'est peut-être pas en très bon terme (voir plus haut les problèmes liés à air calédonie). Je lui montre les photos sur l'écran de mon appareil photo. Elle admire.
Puis nous enfourchons le scooter et... ce n'est pas repartis. Le scooter cale, cale et recale, puis refuse de démarrer. Nous attendons 5 minutes puis celui-ci démarre. Nous allons à l'aquarium naturel près de Tadine.
Dommage on verra pas de tortues! Puis nous faisons la même route que la veille de Tadine à Nece en longeant la mer. Voici les falaises dont je vous parlais plus tôt avec en prime un oiseau qui passait par là. Nous nous arrêtons sur la plage.
Nous rentrons ensuite sur le site de la foire. Nous rendons le scooter à son propriétaire et allons manger dans le stand tenue pas Rose et sa famille comme nous lui avions promis. Moi ça me va! Il y a des crevettes au menu!
Comme Rose n'a jamais pu aller à Shabadran, j'ai décidé de lui offrir le dessin que j'ai réalisé là-bas, elle est étonnée. Le dessin passe de main en main à l'autre bout de la salle, on nous regarde. En partant nous lui disons au-revoir, elle nous fait la bise et sa belle-mère aussi. Elle nous présente deux vieux qui mangent là et qui sont de Shabadran. La dame ne dit rien et le monsieur dit juste : "vous êtes allé à Shabadran et vous avez dessiné." Et je ne sais pas comment l'expliquer mais ce monsieur me montre à ce moment là, dans les yeux et dans ces mots, beaucoup de respect. ça fait chaud au cœur. Il n'y a rien de plus à dire, nous sortons et allons regarder des danses walisiennes.
Nous attendons la cérémonie d'au-revoir en nous posant sur des gradins, Jaqueline qui passait par là s’assoit près de nous et nous discutons longuement. Nous apprenons par exemple que l'argent leur sert principalement à acheter des choses hors de l'île, sur l'île des échanges de terrains par exemple se font par des coutumes, avec offre d'igname et de tissus... Elle nous présente sa grand-mère qui a 83 ans. Puis sa petite fille! Dans sa famille il y a donc cinq générations qui vivent en même temps! Cela sous-entend aussi que les femmes ont eu leurs enfants beaucoup plus tôt qu'en métropole où les études par exemple retarde l'enfantement.
Puis il y a encore différents discours, c'est la coutume d'au revoir cette fois. Une malienne (femme qui vient du Mali) qui fait partie d'un des groupes d'artistes chante à capela toute seule un chant de son pays pour remercier à sa façon, c'est magnifique. Nous nous rendons ensuite à Tuo pour l'autre coutume d'au revoir, puis montons dans le bus. Les touristes et les artistes sont mélangés, le groupe de la malienne chante en cœur et une walisienne touriste chante aussi, des chants en français ou de son pays. C'est un chouette moment. Puis nous embarquons dans le bateau qui nous ramène à Nouméa. C'était notre dernière visite sur une des îles loyautés. J'ai un petit pincement au cœur pour tous ces gens rencontrés qu'on reverra peut-être plus jamais.
Mais c'est pas la dernière fois qu'on se rendait sur une île rassurez-vous! On va sur l'île des pins pendant cinq jours dans une semaine et demi!
Cécile
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